AIGNERVILLE. Eglise saint Pierre
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VISITE DE L’’INTERIEUR DE L’’EGLISE Sur le mur de gauche une armoire abrite la bannière de
procession ornée d’une très jolie broderie et représentant
Saint Pierre à qui est dédiée cette église.
Il tient les clés de la main gauche et un livre de la droite.
L’adjudication d’un banc appartenait à
la Fabrique et obéissait à des règles très
précises définies par le décret du 30 décembre
1809. Les bancs étaient adjugés au plus offrant et dernier
enchérisseur. A l’autre bout de la nef se trouvent six très belles stalles dont deux plus larges. Pour qui ? Pour les membres de la Fabrique ? Est-ce le banc de l’oeuvre, appelé ainsi car le mot fabrique gardait ce sens d’oeuvre.
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Dans le choeur de simples stalles étaient réservées
aux notables avec la patère pour accrocher leur chapeau. Elles
ont été posées en 1869. Deux petits bancs accueillaient les enfants de choeur. A droite, au début du choeur, se trouve le banc du châtelain, fermé et situé près de la porte de la tour-clocher par laquelle il accédait à l’église. Un magnifique bénitier les accueillait, lui et sa famille, à l’entrée. |
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Ci gist le corps de discrète personne
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Michel PATUREL nous est devenu très familier car son
nom apparaît souvent dans les registres paroissiaux de cette époque.
Un chemin de Croix évoque la Passion du Christ. Il a remplacé
il y a quelques années un chemin de Croix du XIXème siècle
malheureusement incomplet. Assez curieusement les quatorze stations, des lithographies
en couleur, sont légendées en français et en espagnol.
Nous n'en avons pas découvert l'origine.
Plusieurs statues ornent la nef.
A droite nous voyons Sainte Thérèse de Lisieux. Sa bénédiction,
en 1930, est attestée par l’Indicateur de Bayeux:
« Le dimanche 28 septembre aura lieu la bénédiction d’une
statue de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Grand
messe à 10 heures. A 3 heures vêpres présidées
par M. le chanoine Guérin curé-doyen de Trévières.
Allocution par M. l’abbé LE BOHEC, curé de Longueville
etc.. »
Sous la statue se trouve la plaque paroissiale, de marbre blanc, qui rappelle
les poilus morts pendant la Grande Guerre. Nous les retrouvons sur notre monument
aux morts. Rien ne permet de dater la commande ni d’en connaître
le commanditaire.
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A gauche vous reconnaissez la statue de Sainte Barbe offerte par l’Abbé Benoit, curé de la paroisse, le 1er décembre 1907. La sainte est représentée avec la tour aux 3 ouvertures. Elle y fut enfermée par son père pour la protéger du prosélytisme chrétien. Cela n’empêcha pas la sainte d’être baptisée par un prêtre chrétien déguisé en médecin. Sainte Barbe perça une 3ème fenêtre pour évoquer la Saine Trinité. |
Sur les deux autels secondaires se trouvent la statue de Saint Pierre, toujours avec ses clés et en face une vierge à l’enfant. Cette dernière a été offerte par Mme ALBERT en 1851, à l’occasion du mariage de sa fille Armandine (Mme ALBERT était née Euphrosine DUNY, fille de M. DUNY, châtelain d’Aignerville qui fit don de la chapelle Saint Louis de Formigny au roi Louis Philippe). Mme ALBERT donnera aussi le tableau, peint par elle-même, représentant une vierge à l’enfant qui se trouve dans le choeur.
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En 1931 la paroisse s’est associée aux hommages rendus à
Jeanne d’Arc à l’occasion de la commémoration de sa
mort le 30 mai 1431. Des familles d’Aignerville passèrent commande
des vitraux à l'atelier THOMAS-DUCOUR de Bayeux. Vous reconnaissez
la Sainte, St Louis, Notre Dame de Lourdes et St Michel. Un journal paroissial
de 1931 annonce leur bénédiction fixée au 25 mai et notifie
la justification de ce choix comme suit. « Cette année, la paroisse
d’Aignerville, sur laquelle commencèrent les combats du 15 avril
1450, orne la nef de son église de beaux vitraux représentant
Notre Dame de Lourdes, St Michel, St Louis et Ste Jeanne d’Arc. Leur
bénédiction permet de rappeler les célestes interventions
en faveur de notre pays …. Aucune nation n’a été sauvée
par une femme, plaçant sur son étendard le nom de la Vierge
qu’on honore à Lourdes, par une femme envoyée de l’Archange
St Michel, chef
de la milice du ciel, à la demande de St Louis protecteur spécial
de notre pays. »
Le choeur, datant sans doute du XIIIème siècle, appartient
au style ogival.
Un retable – lambris occupe le fond du choeur.
De style rocaille il date de 1761. Composé de trois parties il est
plaqué contre le mur. La polychromie de l’ensemble a été
restituée en 1967. Au centre se trouve une Assomption, offerte à
l'église d'Aignerville en 1874 par l'Association pour la Sauvegarde
des Edifices Religieux de Basse-Normandie.
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Le devant du maître-autel - le terme technique est antependium
- est formé de cubes avec en leur centre une tige reliée à
une barre que l’on activait sur le coté. Cette particularité
permettait aux fidèles qui ne savaient ni lire ni écrire de
se repérer dans l’année liturgique. L’Association
Passé Patrimoine Aignerville en a fait restaurer la menuiserie et le
mécanisme en septembre 2009.
(Voir l'article
paru dans "La Renaissance du Bessin à ce sujet")
(détails)
Plusieurs tableaux, malheureusement en très mauvais
état, ornent le choeur : un jugement de Salomon peint sur un
panneau de bois date du début du XVIIème siècle. Il a
été classé par les Monuments historiques en 1983. Vous
remarquez également les représentations d’un Christ
en gloire, d’une crucifixion et d’une vierge à
l’enfant.
L’harmonium a été acheté à la suite d’une
demande faite au conseil de la Fabrique par le curé en 1863. Il souhaitait,
en effet «donner aux jeunes le goût de la musique religieuse,…..amener
de la part des fidèles une fréquentation plus assidue de l’église
et ajouter beaucoup à la solennité de l’office.»
L’intérieur a été restauré en 1967/1968 à
l’initiative du Père TRENTSAUX, curé de Formigny, et de
Jacques POUGHEOL, directeur du patrimoine pour le Département ; en
particulier le plafond, le retable, la base du maître-autel et un tableau
du XVIIIème siècle.
FAISONS LE TOUR DE L’’EXTERIEUR
La tour – clocher, quadrangulaire, nous permet de repérer
très nettement les différentes époques de la construction
de l’église : une base romane et une partie moyenne gothique qui
daterait du XIVème siècle comme l’indiquent les ouvertures
ogivées à meneaux sur chaque face. La partie supérieure,
sans doute du XVI éme siècle, se termine par un toit en pierre
à quatre pans.
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La tour abrite une cloche qui a été baptisée le 9 juin 1930. Elle porte cette inscription « j’ai été baptisée le 9 juin 1930, M. A. CAIRON, curé de Formigny étant desservant d’Aignerville et M. Alexandre CROSVILLE, maire. J’ai été nommée Jeanne – Antoinette, par Pierre LEPETIT, conseiller municipal et dame Victor LE NEVEU, née Armande LE BARBEY» |
Comme pour beaucoup d’églises de notre région
cette tour -clocher joua un rôle défensif important pendant la
guerre de Cent Ans. En 1371, après une visite des forteresses les autorités
demandèrent au sire de « Comlombières » de mettre
l’église en état de défense (Mémoires de
la Société des antiquaires de Normandie XIème volume,
années 1837, 38 et 39) Arcisse de Caumont note que cette tour communiquait
à l’origine par une arcade à plein cintre
avec une chapelle parallèle au choeur actuel. Il reste d’ailleurs
deux départs d’arc.
Ainsi décrite l’église d’Aignerville présente
toutes les caractéristiques d’une église modeste, typique
d’un petit village du Bessin.