BIENVENUE EN L'EGLISE SAINT-VIGOR

(extraits et adaptation des documents " Le Bessin - Eglises au Cœur ", Editions ADTLB)

Le patronage de cette église paroissiale d'Asnières en Bessin était laïque, divisé en deux portions versées à deux seigneurs des environs, d'après le "Livre Pelut" de 1355.
De fondation romane, remaniée au cours des siècles, elle a été en partie détruite par l'explosion accidentelle d'un dépôt de munitions le 25 octobre 1945. Cette belle église Saint Vigor (6ème évêque de Bayeux, mort en 538) a été prudemment restaurée à l'identique.

Visite de l'intérieur de l'église
La nef (1) est couverte d'un plafond de bois et percée de lucarnes romanes.
L'arc triomphal (2) (arc de soutènement) qui précède le carré du transept compte neuf voussures en arc brisé. Cette assise solide est donnée au carré du transept parce qu'il constitue la base de la tour.
Dans la chapelle sud (3), on observe un lutrin (appelé aussi lectrin pour la lecture ou le support des livres de chants), un Christ en bois peint et des stalles à miséricordes (appui fessier pour station debout) du XVIIIème siècle sont classés au titre des Monuments Historiques. Une plaque scellée dans le mur commémore le sacrifice des victimes de la Grande et de la Seconde Guerre mondiale. Dans le mur sud, une crédence (niche à évier liturgique) abrite une pierre gravée sur laquelle on peut lire :
CETTE CHAPELLE A ETE RÉÉDIFIÉE PAR ME LOUIS LE PATOUF SIEUR DE LA CAVEE - 1638 -
Côté ouest, une épigraphe latine est insérée dans le pavage:
CE SONT ENDORMIS DANS LE SEIGNEUR
ET FURENT ENTERRÉS DANS CETTE ÉGLISE
EN ATTENTE DE LA RÉSURRECTION

Entendez, "ici sont enterrés des morts en religion en attente de la résurrection". Il s'agit probablement de seigneurs et de prêtres desservants. Au-dessus, le petit symbole en croix signifie "Christ" en grec; au-dessous, l'ancre de marine incarne la vertu d'espérance.
A 4 ou 5 mètres de hauteur, observez dans les croisillons nord et sud et tout autour du chœur, des traces de litres peintes, bandes noires portant les armoiries des défunts d'une famille seigneuriale. Le chœur (4) comporte trois travées voûtées d'ogives. Il a été modifié au Xlllème siècle quand on construisit la tour sur le transept. On bâtit des voûtes dont les arceaux reposaient sur des faisceaux de colonnettes à chapiteaux sculptés, lesquels ont été mutilés en 1835 pour placer des lambris de bois munis de sièges.

Le chevet plat (5) est voûté de huit arceaux dont la retombée est élégante (ce mode de chevet à huit arcades est d'un exemple courant dans le Bessin). Il est percé de trois fenêtres garnies de vitraux, celui du centre figure saint Vigor ; tous les vitraux brisés en 1945 n'ont pu être remplacés par des motifs anciens. Vous remarquerez le carrelage en damier noir et blanc, symbole de la propriété paroissiale de l'église à l'époque moderne (XVIIème et XVIIIème siècles).
Les restaurations de l'église ont permis de dégager trois doubles crédences ou niches à fontaines. Quelques-unes sont ornées de lancettes (en forme de pointe de lance). Ces fontaines ou éviers liturgiques servaient à évacuer les ablutions du prêtre ou à rincer les vases sacrés.

L'autel chrétien est à la fois la table sur laquelle se consomme le mystère eucharistique et un tombeau en mémoire des martyrs sur le corps desquels on célèbre le sacrifice de la messe. Dans tous les autels. on enchâssait une pierre consacrée dans laquelle étaient scellées quelques reliques de saints.
Six chandeliers d'autel en bronze doré sont posés sur l'autel.
Du côté du transept, (6) l'arc triomphal n'a que deux voussures qui retombent sur des culs-de-lampe : à gauche, un visage de femme souriant sous un voile plissé, représente l'Eglise ; à droite. un visage aux yeux bandés incarne la Synagogue.
La chapelle au nord (7) fait office de sacristie, elle est garnie d'un chasublier et d'un Saint Vigor en bois polychrome du XVème siècle, habillé en moine. ceinturé d'un cordon et portant un chapelet à grosses perles en bandoulière.

Visite de l'extérieur de l'église
L'église Saint Vigor appartient pour l'essentiel au XIIème siècle.
Le porche ouest (8) est typiquement roman, cintré à deux archivoltes, l'un orné de figures grossières en méplat, l'autre de têtes de loup mordant un tore appelé "beakhead" (boudin de pierre mordu par des têtes à bec que l'on retrouve à Littry et Guéron).
Les chapiteaux des colonnes sont historiés : on observe un monstre à trois têtes à bouche ouverte et des griffons, au nord, des feuillages et un âne chargé, au sud.
Au dessus. une baie en plein cintre est surmontée d'un oculus (fenêtre circulaire) qui abrite la statue mutilée d'un évêque (saint Vigor ?).
La corniche (9) du mur sud de la nef a bien conservé ses modillons (âne, jumeaux, loup, bélier).
Au sud. une porte latérale cintrée (ou semi circulaire) est ornée de zigzags ; deux petites têtes la dominent sous la corniche.
Au coin du transept, (10) au sud du chœur. une porte cintrée à triple voussure a été bouchée.
Au niveau sud du chœur:
Les murs ont été rehaussés au XIIIème siècle mais les modillons du XIIème siècle ont été conservés. Témoins de l'ancienne corniche, ils se trouvent plus bas que l'entablement gothique.
Trois fenêtres à lancette éclairent le chevet plat qui porte deux traces de surélévation réalisées en 1638 et en 1868.
La tour clocher (11) est centrale, carrée. à trois étages. Elle présente une décoration souvent reproduite en Bessin. La base est décorée de lancettes aveugles sans colonnes. Au deuxième étage, chaque face dispose d'une fenêtre géminée (ou double) à oculus soulignée de longues arcades aveugles. Une double guirlande court à la partie supérieure de la tour et marque la naissance des clochetons, : il s'agit d'une rangée de petits cercles sculptés abrités sous des arcatures qui en couronnent chacune deux autres plus petites. La tour est couverte d'une flèche octogonale en pierre.
Le transept nord (12) date du XIXème siècle.
La nef (13) au nord est parée de trois lucarnes romanes et d'une porte à cinq voussures. On retrouve des modillons représentant ânes. béliers, jumeaux.


Eglise Saint Vigor à Asnières-en-Bessin, pour l'essentiel, elle date du 12ème sècle


Plan de l'église

 

 

 


Un chapiteau orné d'un monstre à 3 têtes

 

 

 

 

 


Un modillon figurant des jumeaux

 

 

 

 

Les modillons et leurs thèmes d'inspiration

C'est aux bestiaires ainsi qu'aux manuscrits anglais tout imprégnés de mythologie scandinave, celte ou romaine, que les sculpteurs romans ont emprunté leurs animaux fabuleux et leurs monstres.

Le long de la nef au sud, de gauche à droite, observez :

- une tête de bovin ou d'âne muselé ;
- une figure poupine
- un ange musicien (tambour)
- un bœuf ou âne muselé
- un homme se tenant la barbe
- deux jumeaux enlacés, l'un bâillonne l'autre (Janus ?)
- une figurine (ange ?) ;
- un masque animalier ;
- un visage à bouche soufflante (Eole ?) ;
- des jumeaux, l'un barbu et l'autre couronné ;
- un ange ;
- une Vierge à l'enfant ;
- deux masques humains aux oreilles pointues (chat ou chauve-souris ?).

Le long de la nef au nord, de gauche à droite, observez:

- deux masques humains ;
- une figure géométrique ;
- un homme, main devant la bouche ;
- une figure géométrique ; un visage ridé, lèvres resserrées ;
- deux jumeaux enlacés, agenouillés, souriants ;
- une face joufflue à oreilles d'ours et à large bouche abêtie, chaque joue porte un masque
- des jumeaux dont un couronné ;
- un bélier à cornes enroulées ;
- deux masques humains, aux oreilles pointues, bouches ouvertes ;
- un petit visage enchâssé ;
- une tête de chat ou de griffon avec un lacet sous le museau ;
- une figure géométrique;
- un masque humain avec moustache fine en lacet;
- un âne muselé ;
- un chat joufflu ;
- des jumeaux dont un couronné et l'autre barbu.

Le plus souvent les sculpteurs puisent leur inspiration dans la nomenclature des vices et des vertus du poète Prudence (Vème siècle) et dans le registre animalier des bestiaires. Ces ouvrages médiévaux contiennent des descriptions d'animaux accompagnées d'explications dans le but de rappeler aux fidèles des vérités morales. Ces ouvrages permettent de compléter nos connaissances sur l'état des sciences naturelles au Moyen Age et enrichissent l'histoire religieuse.


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