BIENVENUE EN L'EGLISE SAINT EUSTACHE DE MOSLES

(extraits et adaptation des documents " Le Bessin - Eglises au Cœur ", Editions ADTLB)


Eglise Saint Eustache à Mosles
Cette église aux vastes proportions a été construite au début du 13ème siècle après que Raoul de L'Isles en ait fait donation à l'abbaye Saint-Vigor de Cerisy. Elle montre une relative homogénéité. Toutefois, la nef et la tour sont du 14ème siècle et des restaurations ont été effectuées en 1930.

Visite de l'intérieur de l'église

Au-dessus du porche, une vaste rosace à douze compartiments (1) conserve quelques éclats des bombardements. La nef est éclairée par sept lancettes géminées (fenêtres subdivisées en deux baies par un meneau). Le sol est pavé de dalles de schiste de Fontenay (carrière au sud de Caen) et de calcaire de Creully. La nef est garnie de bancs rustiques en pin qui furent nominatifs (chaque famille avait sa place), loués par le conseil de fabrique. Ce droit de subhastation, ou de siège, constituait un des principaux revenus de la fabrique (conseil administrant les biens d'une église).

Sur la gauche, vous remarquerez l'autel Sainte Thérèse (2) en forme de tombeau, bénit en 1926. Le confessionnal date du 19ème siècle.

Plafonnée en lambris de bois, la nef compte six statues de plâtre (3). Ces statues sont les témoins d'une vague de dévotion qui, de 1850 à 1930, fut consacrée par une quantité de canonisations, notamment celle du curé d'Ars, patron des curés de paroisse, de sainte Jeanne d'Arc et de sainte Thérèse de Lisieux. Les quatorze tableaux du Chemin de Croix (1875) jalonnent la nef des scènes de la Passion du Christ. Remarquez, à droite, l'Adoration des Bergers,(4) tableau du 17ème siècle qui n'est pas sans rappeler l'école italienne : la Vierge tient le lange de l'Enfant-Jésus, un ange se dresse près d'eux, deux autres occupent le sommet. De l’autre côté, une toile représente le Baptême du Christ (5). Sous l'arc triomphal, on a placé la chaire du 18ème siècle (6). Cet arc du 13ème siècle repose sur de fines colonnes aux chapiteaux à crochets et à feuilles (acanthe).

Sous l'assise de la tour (7), passage entre le choeur et la nef, on observe de multiples colonnettes qui soutiennent une voûte à quatre parties. Leurs chapiteaux représentent des visages d'hommes, à l'ouest, et de femmes, à l'est. L'espace est meublé d'un harmonium et de deux autels garnis de chandeliers, dédiés au Sacré-Coeur, à gauche, et à la Vierge, à droite. Cette travée plus élevée est éclairée de lancettes géminées, sommées d'un oculus à huit lobes.

Plus ancien que la nef, le choeur se compose de trois travées (8). Ses voûtes d'ogives offrent une particularité. En effet, indépendamment des deux tores transversaux qui se croisent, il en existe un autre, orienté est-ouest, passant par les sommets des arts de chaque travée. Fréquente en Anjou et en Poitou, cette disposition des nervures dans le style ogival du 13ème siècle n'est pas ordinaire en Normandie.

Les fenêtres des trois travées sont constituées de deux lancettes dont les pointes sont séparées par un oculus. L'une d'elles est ouverte en grande lancette surmontée d'une archivolte.

Dans le choeur, vous observerez des stalles remaniées, sous le siège desquelles sont placées des miséricordes du 18ème siècle.

Tous les vitraux ont été remplacés après le Débarquement, vous vous trouvez devant « La Charité de Saint Martin ».(9)

Entre la première et la deuxième travée, deux colonnes (10) ont été coupées ; elles reposent sur des visages amaigris et des têtes chevelues.

Admirez le maître-autel de style Louis XIV (11), dont le décor habille le mur du chevet de l'église, jusqu'aux portes de la sacristie. De chaque côté du maître-autel se trouvent : à droite Saint Martin, à gauche Saint Eustache (la tradition veut que le saint patron soit toujours à gauche).

Visite de l'extérieur de l'église

A l'extérieur, la porte occidentale (12) du 14ème siècle, présente une voussure garnie de tores reposant de chaque côté sur deux colonnes.
Le tympan est divisé en trois lobes garnis de fleurons et d'une console qui n'a plus de statue.
Tout autour, les murs gouttereaux (13) sont appareillés de petits moellons cubiques à assise régulière.
Seuls les contreforts postérieurs sont en pierre de taille.
Une porte, aujourd'hui bouchée, s'ouvrait au sud dans la première travée.

Restaurée après que des obus l'aient endommagée le 6 juin 1944, la tour du 14ème siècle (14) est centrale comme à Etreham ou à Géfosse-Fontenay.
Au rez-de-chaussée de la tour, quatre lancettes sont percées dans les murs sud et nord.
Le premier étage est décoré d'un rang d'arcatures aveugles, en arc brisé.
Le beffroi est éclairé d'un oculus que domine une lucarne percée dans la bâtière (toit à deux pentes) en ardoise et non en pierre, comme on la trouve couramment en Bessin.

Une porte décorée par une archivolte en dents de scie a été percée dans le mur sud du choeur.

Le chevet est orne d'une triple baie et d'une corniche constituée d'une galerie de petites arcades.


Plan de l'église


L'adoration des bergers, tableau du 17ème siècle

Le maître-autel

"L'accessoire" le plus important dans l'église se trouve être le maître-autel. L'autel chrétien a un double caractère. C'est à la fois la table sur laquelle se consomme le Mystère Eucharistique (action de grâces, sacrement qui, pour l'Eglise catholique. transforme réellement et substantiellement le pain et le vin en Corps et en Sang de Jésus-Christ) et un tombeau en mémoire des martyrs sur les reliques desquels on tient à célébrer le Saint Sacrifice de la messe. Une règle voulait que les autels fussent en pierre ou du moins que dans tout autel, on insérât une pierre consacrée. Cette pierre, dans laquelle on scelle quelques reliques, est généralement enchâssée dans une alvéole préparée dans la table d'autel.


Le maître-autel
La décoration de l'autel en bois ou en pierre consistait, dans la manière la plus ordinaire, en une arcature dont chaque arceau abritait une figure en pied d'apôtre ou de saint. La table d'autel ne portait que le calice aux côtés duquel on place une croix et des chandeliers vers le 9ème siècle. Dès le 12ème siècle, les autels sont munis de gradins pour exposer des reliquaires. Vers la fin du 15ème siècle, le tabernacle commença à être placé au milieu de l'autel. Quant au goût pour les grands tableaux d'autels entourés de colonnes torses et de statues, il se développe en France du 16ème au 18ème siècle. C'est l'expression de l’art baroque qui exalte l'image de Dieu sur terre, telle que l'illustre le maître-autel de Saint-Eustache.

Le maître-autel qui se présente à vous, est un coffre à côtes obliques. Construit en bois, en pierre et en plâtre, il est décoré de consoles (petites étagères) et d'une guirlande maintenue au centre par un noeud, à laquelle est accroché un médaillon figurant les coeurs de Jésus et de Marie. Le tabernacle est orné d'un ciboire. Le retable en pierre a perdu sa polychromie. Le tableau de l'Assomption représente la Vierge dans les nuages et les apôtres autour du tombeau vide. Au bas du tableau, on peut lire : "curé de cette paroisse ... l'an 1677". De chaque côté, de larges chutes de fruits sont maintenues par un coquillage entrouvert. Au-dessus, des chérubins et des palmes s'entrecroisent. Les colonnes corinthiennes sont ornées de draperies de haut en bas. Le fronton brisé (partie haute triangulaire) encadre une niche qui abrite le Christ Rédempteur. Les portes latérales présentent un encadrement bombé, sommé d'un chérubin. Au-dessus, sont placées les statues en pierre de saint Eustache en costume militaire avec épée et bouclier, et de l'évêque saint Martin. De là, parlent des ailerons qui vont buter contre le retable et s'incurvent en prenant la forme d'un coquillage entrouvert.

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