BIENVENUE EN L'EGLISE SAINT MARTIN DE BLAGNY

(extraits et adaptation des documents " Le Bessin - Eglises au Cœur ", Editions ADTLB)

 

 

L'ancienne église paroissiale Saint Martin de Blagny

Au 12ème siècle, les Molay-Bacon étaient seigneurs de Saint-Martin-de-Blagny et patrons de l'église. En 1200, le patronage relève pour moitié de Pierre Ruaud et pour un quart de Guillaume Bacon. L'un et l'autre cédèrent bientôt la cure et les dîmes à l'abbaye de Longues (non loin sur le littoral, à l’est de Port-en-Bessin).

Visite de l'intérieur de l'église

Vous entrez dans la nef par une porte sud qui s'ouvre sous la chaire du début du 19ème siècle. La nef (1) est plafonnée et peinte en blanc par décence, dans le goût de l'époque classique (17ème - 19ème  siècles), pour empêcher le regard des fidèles de flâner à loisir sur des décors par trop colorés.

Elle est éclairée par des baies en lancette (2) de largeur variable.
Le style gothique flamboyant est illustré par la fenêtre du sud ouest et un oculus moderne (début du 19ème siècle) surplombe le portail ouest. Les bancs fermés, autrefois loués par les fidèles (jusqu'en 1950‑60), datent du début du 20ème siècle.

Derrière le confessionnal, guère plus ancien, vous pouvez apercevoir un tableau de "L'Assomption de la Vierge" juchée sur le globe terrestre et écrasant un serpent. De magnifiques dalles blanches couvrent le sol. Elles pourraient avoir été posées au 18ème siècle au moment où l'on enterrait encore dans la nef et que, par hygiène, on voulut se protéger des vapeurs méphitiques qui émanaient du sol.

Derrière les fonts baptismaux (3) en marbre noir, une petite niche appelée crédence, en arc brisé, abrite une piscine (évier liturgique pour servir aux ablutions du prêtre lors de l'Eucharistie).

Les lustres (4) (suspensions de verres blancs) datent du début du siècle. On observe trois statues en plâtre : Saint Antoine de Padoue, Sainte Thérèse Martin, Sainte Jeanne d'Arc qui honorent systématiquement de leur présence les églises de France.

De chaque côté de l'arc triomphal, un autel néo-roman (5) est surmonté d'un retable à niche abritant au nord, une statue de la Vierge les bras croisés et au sud, Saint Martin évêque.

Au sud, l'autel arbore une plaque en mémoire d'Armand Cardine, mort a Verdun. Voyez, à nouveau, une fontaine sous une accolade (15ème siècle).

L'arc triomphal (6) entre choeur et nef consiste en une grande arcade ogivale à deux voussures : un arc massif reposant sur des chapiteaux à vastes feuilles de chêne et un arc en boudin qui retombe sur des chapiteaux à feuilles simples (on retrouve ces mêmes chapiteaux sous l'arc de Louvières). Cet arc abrite la poutre de Gloire en bois et un Christ, le visage tourné vers le haut (17ème siècle?).

Le choeur a semble t-il été réaménagé à l'époque moderne (17ème – 18ème  siècles) : le plafond en berceau~ les murs enduits de chaux, les grandes baies du mur sud.

Une seule ouverture a été conservée du 12ème siècle, c'est une lucarne (7) étroite, visible sur le mur nord.

Au sud, la baie (gothique lancéolée) (8) qui éclaire le maître-autel date du 15ème siècle. Cette dernière est garnie d'un vitrail où s'épanouissent des comètes. Boiseries et stalles sont élégantes et peintes.

Un emmarchement (9) nous fait accéder au chevet. Observez le dallage. Chose rare, il est composé de petits carreaux de céramique (13x14 cm) dits "du Molay" (façonnés du 11ème au 14ème siècles). Puis de chaque côté de l'autel majeur, les tommettes s'agrandissent certaines vernies selon le procédé du grès au sel, d’autres ornées de trèfles à quatre feuilles, de fleurs de lys, d'un écu de gueule et d'or, c'est à dire rouge et jaune (ce type de pavés se retrouve au Molay, à l'abbaye de Cerisy, à l'abbaye de Longues et dans la salle du chapitre de Bayeux ). L'autel majeur en forme tombeau du début du 19ème siècle est élevé sur un gradin à trois degrés. Le retable consiste en deux colonnes à ailes et un fronton triangulaire avec des pots-à-feu de chaque côté~

Roses, épis, raisins ornent les parties latérales. Deux grandes statues cantonnent l'ensemble : à gauche, le Sacré-Coeur ; à droite, Saint Joseph à l'Enfant. Le tableau représente la "Descente de Croix" ; remarquez la couronne d'épine et les tenailles pour souligner le martyr.

Au nord, à côté de la porte de la sacristie. une petite statue (10) de la Vierge (semblant parturiente) est posée sur un globe. De l’autre côté, une statue de même sujet fait le pendant.

Reculez-vous et voyez le mur sud de la nef. A droite de la porte. le mur est constitué de plaquettes de schiste : vers la gauche. de magnifiques arêtes de poisson et des modillons romans ont été conservés ; la nef semble avoir été surélevée, au vu de l'écart qui sépare morillons et entablement. Des reprises flagrantes ont eu lieu dans la maçonnerie à plusieurs époques.

Visite de l'extérieur de l'église

Vers l'ouest, le porche gothique (12) s'ouvre par une archivolte en accolade, De petits contreforts s’arrêtent à la hauteur des chapiteaux végétaux finement sculptés. Ce porche qui servait autrefois aux assemblées du "commun" (conseil communal, de bienfaisance, de fabrique ou de conciliation judiciaire ; porche aux "lecturés", entrée des femmes, côté épître) s'ouvrait jadis dans la partie méridionale de la nef. il fait office aujourd'hui de chapelle commémorative des sacrifices de la 9ème U.S Air Force. Cette situation de proximité entre l'entrée sud et celle de l'ouest nous indique une probable réduction de la nef d'une travée côté ouest.

Non loin de là, un vieil if (13) a été planté. Ce type d’arbre était réputé pour aspirer les vapeurs méphitiques des cimetières. Le portail et l'oculus de la façade ouest datent, tout au plus, du 19ème siècle. Au nord, la muraille présente des pierres plates disposées en arêtes de poisson (14).

La tour clocher (15) est placée latéralement à la muraille entre chœur et nef. De nombreux trous de boulins la percent à écarts réguliers (hauteur d'homme). Là se sont logés les étais de I’échafaudage puis les pigeons. Ces trous sont ainsi qualifiés de « pot de colombier ». Seul le sommet présente des ouvertures sous la bâtière (toit à deux pans). Côté sud, une fenêtre à meneaux quadrilobée (quatre compartiments) porte une archivolte de style gothique  flamboyant ; côté nord, la fenêtre géminée ou double ne comporte que trois lobes ; côté est et ouest, on note une simple lancette.

Au nord du choeur, les assises du mur présentent des arêtes de poisson (16). Une sacristie moderne est collée au nord du chevet plat percé autrefois d'une large baie (bouchée par l'autel retable).

Le chevet (17) est couronné par un antéfixe (un élément décoratif formé d'un motif répété à la base inférieure du toit).


Plan de l'église Saint Martin de Blagny


La Descente de Croix


Le porche

Renart à Saint-Martin de Blagny


Le «roman de renart », classique français parmi les florilèges du Moyen Age, a été composé de 1174 à 1250 par une vingtaine d'auteurs, dont Richard de Lison (village au sud ouest de Saint-Martin) qui, clerc facétieux et critique, raconte à sa propre façon, des faits d'intérêt local. Cette composition a notamment pour cadre trois cantons du Bessin (Balleroy, Trévières et Isigny). Ecoutez ce qui suit :

"Renart se dirige vers le bois du Vernay mais lorsqu'il rencontre l'abbé Huon et sa meute, il retourne sur ses pas après avoir franchi deux fois la Siette et le Drôme. Il rencontre Tibert le chat étendu sur un rocher dans le bois du Molay, tout deux décident de prendre la direction du Vernay pour aller chercher fortune dans l'enclos de Guillaume Bacon, « loing del castel desos la ville ». Or voici que survient ledit Guillaume Bacon, seigneur du lieu, Renart prend un chemin de traverse, Tibert grimpe sur un chêne. Bientôt se joint aux chasseurs, le prêtre du Breuil-en-Bessin qui fait route vers Saint-Martin-de-Blagny. Tibert réussit à s'enfuir "tot le chemin de Blagnié". A hauteur de Tournières, entre la Chênée et la lande de Bernesq, il rencontre Renart qui n'en croit pas ses yeux. Il lui annonce son intention de l'emmener avec lui à Saint-Martin à "Blaengnié" où il diront l’office... " (en fait, ils ne pensent qu'à piller l'église).


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