BIENVENUE EN L'EGLISE SAINT MARTIN DE SURRAIN

(extraits et adaptation des documents " Le Bessin - Eglises au Cœur ", Editions ADTLB)


L'ancienne église paroissiale Saint Martin de Surrain.

Le doyen du chapitre de la cathédrale nommait le curé et percevait la majeure partie de la dîme.

 

Visite de l'intérieur de l'église

Le portait ouest s'ouvre sur la nef garnie de bancs fermés (1) du 19ème siècle, jadis loués par les fidèles.
La nef romane a été plafonnée de lambris peints en bleu, autrefois étoilés pour représenter la voûte céleste.
A droite, un confessionnal du 19ème siècle présente une porte en chêne légèrement galbée.
Les fonts baptismaux sont fichés dans le sol, au milieu de l'allée centrale. Le socle et la cuve sont décorés de godrons et de feuilles de chou.
Retournez-vous et observez, au-dessus du porche ouest, le Christ en bois peint du 18ème siècle avec, à ses côtés, une toile représentant saint Joseph à l'Enfant avec trois lys, symbole de la Trinité et une autre, une allégorie de la "Charité de Saint Martin". Ces deux tableaux (19ème siècle) étaient autrefois placés au-dessus des autels mineurs qui précédaient l'arc triomphal entre choeur et nef.

Au nord (à gauche), de hautes arcades gothiques (2), aujourd'hui bouchées, s'ouvraient sur d'anciens bas-côtés. Elles reposent sur des piliers massifs (début 14ème siècle) que l'on retrouve à Blay, Formigny et Vierville-sur-Mer. Les chapiteaux sont ornés de trèfles et de corolles de digitales. On compte cinq piliers et quatre travées. Dans la troisième travée, (3) Sainte Thérèse de Lisieux et Sainte Jeanne d’Arc encadrent un monument commémoratif de la Grande Guerre. La quatrième travée est percée d'une fontaine (4) qui s'ouvre par une arcade gothique flamboyant. En face, s'élève une chaire néo-gothique (5).

Le cinquième pilier (6) , au nord, est plus fin pour avoir été remanié à la fin du 14ème siècle. Précédant l'arc triomphal entre choeur et nef, deux autels mineurs néo-gothiques portent une statue du Sacré-Coeur, au nord et de la Vierge, au sud.

L'arc triomphal (7) en anse de panier est massif, les piliers ont été tronqués, les chapiteaux sont ornés de chevrons (rangs de dents de scie associés).

 Le choeur (8), de fondation romane, a été remanié aux 14ème et 19ème siècles. Ses voûtes d'ogives à quatre quartiers retombent sur des chapiteaux où figurent des végétaux : observez de gauche à droite des crosses ou bourgeons retournés, des feuilles de chêne et des fleurs d'acanthe. Les stalles datent du 20ème siècle.

L'autel majeur néo-roman (9) est encadré de deux anges, l'un en prière, l'autre les mains croisées sur le torse, et de deux statues. A gauche, Saint Roch (16ème siècle) provenant de l'église de Houtteville détruite au début du 19ème siècle et à droite, Saint Martin. Sur la table de l'autel, un tabernacle, sommé d'un dais (baldaquin) abrite une Croix. Quelques vitraux datent du 19ème siècle, notamment celui de l'abside de 1892.

Remarquez les pampres de vigne qui ornent le tympan de la piscine (bassin) (10) et l'autel majeur. Ces végétaux évoquent la communauté des chrétiens.

Visite de l'extérieur de l'église

Vous ressortez par le porche ouest (11) remanié à l'époque moderne (18ème siècle).
Au nord, le mur de la nef laisse apparaître des arcades (12) du 13ème siècle qui témoignent d'anciens collatéraux ou d'une nef autrefois plus large. Aujourd'hui obturées, elles sont simplement percées de trois fenêtres.
Au niveau de la dernière travée. des traces d'arrachement (13) laissent entendre l'existence d'une ancienne chapelle. Au-dessus, deux modillons ont été conservés de la corniche aujourd'hui disparue. On retrouve des modillons (refaits au 19ème siècle) autour du choeur et sous la bâtière du clocher. On peut ainsi apercevoir une foule de personnages et de figures grotesques.
Le chevet plat (14) (forme très courante en Bessin) est percé d'une baie du 14ème siècle à meneaux néo-gothiques.
Le sud du choeur est flanqué du clocher (15) dont la base est aménagée en sacristie. Cette tour (13ème - 15ème siècles) à un étage est percée de larges lancettes garnies d'abat-sons. Elle est couverte d'une bâtière, toit à deux pans.
Au sud-ouest, un contrefort plus épais (16) dissimule l'escalier d'accès au beffroi (charpente porte-cloche), éclairé par deux lucarnes.
Cinq beaux ifs protègent le cimetière.
Au sud, la nef présente de récentes ouvertures en plein cintre. De l'est vers l'ouest, la corniche à modillons présente cinq personnages - un rampant attelé à une poutre, des atlantes, un trompettiste, des visages grotesques mi-porc, mi-taureau ; au niveau de la troisième travée (17): un oiseau au long bec replié sur lui-même, main sur le bec.
Les arcs des fenêtres reposent sur des visages plus récemment sculptés (19ème siècle).



Plan de l'église Saint Martin de Surrain

 

 

 


Un ange en prière

 


La nef avec son plafond de lambris bleu

"Dans le rituel de la messe, la couleur joue un rôle primordial. Les objets et les vêtements du culte sont non seulement codés par le système des couleurs liturgiques mais ils sont aussi pleinement associés au décor architectural pour créer une véritable théâtralité de la couleur" (M. Pastoureau : Morales de la couleur).
L'église de Surrain conserve dans sa nef un plafond en lambris peint d'un bleu profond qui capte le regard. Cette voûte céleste évoque la grandeur de l'éternité et la pureté face au monde terrestre corruptible et voué à la décomposition. Le bleu amène l'organisme aux rythmes cardiaques les plus bas, il endort. On le trouve donc naturellement porteur d'une certaine idée de paix.

La couleur bleue

La question s'est toujours posée de savoir si la couleur devait être ou non présente dans les églises.

En 1563, le concile de Trente fixe l'ensemble des réformes entreprises par l'Église Romaine, appelé Contre-Réforme, face à la Réforme protestante. Il fait apparaître un nouveau modèle de décor dans les églises paroissiales que certains de nos sanctuaires conservent toujours. Le concile guide les artistes vers une exaltation mystique : "exalte l'âme et lui montre le ciel s'ouvrant à l'amour' (E. Male : l'art religieux après le concile de Trente).

Avec l'art baroque, né à la faveur de cette Contre-Réforme, l'église redevient ce sanctuaire de la couleur qu'elle était pendant le haut Moyen Âge. L'église est une image du ciel sur la terre, ce qui justifie toutes les magnificences à l'intérieur du sanctuaire : marbre, étoffes, verrières, statues polychromes, fresques et peintures.

A côté des cinq couleurs liturgiques (rouge, vert, violet, noir et blanc) dont le pape Innocent III fixe la nomenclature au 13ème siècle, il faut citer le bleu. Emblème des cieux, symbole de l'espoir et de la piété, il est adopté pour la fête des anges et le manteau de la Vierge. C'est la couleur diaphane du Saint-Esprit et de la légitimité (sang bleu).




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