BIENVENUE EN L'EGLISE SAINT AIGNAN

(extraits et adaptation des documents " Le Bessin - Eglises au Cœur ", Editions ADTLB)


L'église reconstruite

La première église de Trévières, de fondation romane, menaçait de ruine en 1895. En 1897, la commune abattit le chœur et la nef, jugés trop étroits, pour les transférer de l’autre côté du clocher. La nouvelle construction prit fin en 1899. Depuis, l’autel a la particularité d’être orienté vers l’ouest et non vers l’est comme le veut l’usage symbolique (le Christ Lumière est à l’orient).

En 1944, la commune fut sinistrée à 70%.
C'est au soir du 8 juin 1944 que le clocher et la nef de Trévières s'effondrèrent, achevant de démolir l'église paroissiale, déjà bien endommagée par l'artillerie navale.

L'église ne fut rendue au culte qu'en 1953.


L'église après les bombardements en 1944, la nef est effondrée, le clocher tronqué.

Visite de l'intérieur de l'église

Vous entrez sous l’assise du clocher (1). Elle est couverte de nervures rayonnantes qui retombent sur des piliers massifs. Leurs chapiteaux sont décorés de godrons simples, de coquilles Saint jacques, de feuilles galbées.

Deux niches (2)  présentent une arcature à chevron (motif en V), l’une est garnie de la statue de Saint Antoine de Padoue. Devant le portail est, Sainte Thérèse est posée sur un piédestal.

A l’est la tour (3) s’ouvrait autrefois sur l’ancien chœur.

A l’ouest, l’arcade (4) (arc roman surbaissé)  avec archivoltes à décor géométrique, s’ouvre sur la nef actuelle. Elle présente sur la face interne au clocher, deux voussures en retrait, l’une décorée de frettes crénelées et l’autre de deux boudins. Les chapiteaux portent des feuilles de chêne et des feuilles galbées ou simples.

Du côté de la nef, trois voussures (5) sont décorées de chevrons, de boudins et de bâtons rompus.
Les quatre travées suivantes sont couvertes par des voûtes d’arête. Les arcs doubleaux sont en plein cintre et aucun chapiteau n’est décoré. Le Chemin de Croix en terre cuite rose est signé du sculpteur parisien Gérard Vincent.

La cinquième travée (6) est plus large, elle est creusée de chaque côté d’alvéoles qui abritent au Sud, un autel néo-roman consacré à la Vierge, au Nord, à Saint Joseph. Au dessus de chacun d’eux un vitrail est historié par M. Sagot, maître verrier à Bayeux (1957). Au sud, la « Naissance du Sauveur », au nord la « Mort de Saint Joseph » (don des paroissiens). Les statues du 19ème siècle sont en plâtre doré.

Le chœur (7) compte trois travées. L’abside semi-circulaire est voûtée de huit ogives rayonnantes, expression courante de l'architecture romane en Bessin.

Tout le mobilier (8) date de l'après-guerre : l'autel central face aux fidèles a été façonné, avec le bois sculpté de l'ancienne chaire, par un artisan ébéniste de Trévières, P. Françoise, en 1976 ; le maître-autel néo-roman présente sur sa tranche une inscription du 27 octobre 1904 :

" Moi, Léo Adolph AMETTE évêque de Bayeux et de Lisieux consacre cet autel en l'honneur du Sacré-coeur du Christ reliques de saint Maurum Alari et Justine in eo inaliesi ludivico Poisson rectore ".

La porte du tabernacle en bronze doré présente la Sainte Trinité.
M. de La Heudrie signe deux Christ en 1902 : le Christ au tombeau représenté sous la table de l'autel et au-dessus le Christ ressuscité. Du même auteur, observez deux anges, datés de 1904. Celui de droite porte trois lys, symbole de la Trinité (Le Père, le Fils et le Saint-Esprit) ; à gauche, il s'agit de Saint Michel.

Du maître verrier, M. Sagot, observez les vitraux. De gauche à droite : saint Exupère délivre des possédés du démon ; sainte Marie Madeleine ; saint Michel au dragon (1947 -  en souvenir des officiers et des soldats américains du 377ème  régiment d'infanterie, et de la 95ème  division d'infanterie, amis des français) ; des figures géométriques ; saint Georges (en souvenir de l'amitié franco-américaine - 1947) ; sainte Jeanne d'Arc; saint Aignan sauve Orléans assiégé par les Huns.


Visite de l'extérieur de l'église

Selon A. de Caumont, archéologue et archiviste normand du 19ème siècle, "La tour et la travée de l'ancien choeur sur laquelle elle est assise, sont les parties les plus intéressantes de l'église de Trévières".

La tour (9) témoigne de l'architecture normande du 12ème siècle. Le rez-de-chaussée consiste en une large assise qui fait office de porche d'entrée. Sur les trois voussures de ce porche, on a représenté des ornements de type médiéval très courants dans la région. Voyez des frettes crénelées, des chevrons et des bâtons brisés formant des losanges.

Le tympan du portail figure un bas-relief signé M. de La Heudrie en 1903 : le Christ en majesté est entouré de saint Aignan, évêque d'Orléans et de saint Exupère, évêque de Bayeux (4ème siècle), patrons de l'église.

Précédant le premier étage, une corniche abrite un rang d'arcatures et des modillons à figures géométriques et monstrueuses.

L'étage présente, comme sur la plupart des tours romanes en Bessin, un rang de huit arcatures cintrées, décorées d'une gorge et d'un boudin supportés par des colonnes groupées.

La flèche à huit côtés
est cantonnée de quatre clochetons à quatre pans.

Au nord, les murs du clocher présentent des "arêtes de poisson" à la base et la trace d'une ancienne porte, aujourd'hui bouchée, à côté de laquelle une tourelle permettait d'accéder au beffroi.

Enfin, une sacristie est adossée au choeur. Retournez-vous et profitez du panorama sur le marais.

Au sud du clocher, une petite porte romane présente trois voussures en retrait : la petite est ornée d'une gorge et d'un boudin ; la centrale de chevrons ; sur l'externe. les zigzags forment des losanges garnis de pommes de pin et de feuilles à trois lobes. Le tympan porte un bas-relief : un homme tient enchaînés deux monstres ; ils veulent lui dévorer le visage et leur queue se terminent en têtes de serpent qui lui mordent les pieds. D'après le Dr Létienne, il s'agit d'un thème de la civilisation orientale mettant en scène "Gilgames" dompteur de lions. C'est l'Hercule de Chaldée.

 

 

 


Plan de l'église


Un ange, bronze de Monsieur Edmond de Laheudrie
(1904)


En été 1944, un MP Américain et une trévièroise devant le monument aux morts mutilé et le porche de l'église


Le clocher tronqué par les obus











La reconstruction

Après les terribles bombardements de 1944, chaque village entreprit la reconstruction de son patrimoine. Deux lois restent majeures dans ce domaine :

‑ la loi de l'automne 1940 sur la réparation des immeubles détruits, qui donne au préfet l'autorité de décider des reconstructions et qui subordonne l'indemnité à la condition que cette reconstruction soit conforme au bien publie.

‑ la loi de 1943 qui réglemente la façon dont les villes doivent être aménagées. Dès lors toute ville ou tout village doit avoir son plan, tout édifice doit être soumis à un permis de construire.

En novembre 1944, l'engagement de l'État dans l'aménagement urbain eût pour conséquence la création du Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme. C'est dans ce contexte qu'une réorganisation professionnelle toucha les architectes, les ingénieurs et les urbanistes "parce qu'il faut mettre hors d'eau, déblayer, produire, réparer, reloger les sinistrés". Ainsi fut créé le Commissariat Technique à la Reconstruction Immobilière, Il évalue le coût normal de reconstruction pour définir les montants des indemnités et, parallèlement, il enquête sur l'architecture et les matériaux régionaux. De son côté, l'Église, à l'actif de Mgr Picaud, évêque de Bayeux, a nommé un prêtre à la Reconstruction des édifices religieux. Le Père Lecoq, ancien professeur au petit séminaire, s’est entouré d'une équipe avisée pour suivre le gouvernement dans la Reconstruction. La priorité est donnée au bâti protégé au titre des Monuments Historiques (aux édifices de grande valeur artistique). L'équipe procède à l'évaluation et à la mise en route de la reconstruction.

La reconstruction démarra au mois de janvier 1953. L'église fut rendue au culte et inaugurée le 14 octobre 1953.


le clocher reconstruit

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