L'hôpital et l'école à Vierville sous l'Ancien régime (extraits et adaptations des Notes Historiques sur le Bessin)
Comme toutes les anciennes paroisses, Vierville trouvait des ressources pour ses malades et ses écoles aussi bien que pour son église et ses prêtres. Les malades pauvres eurent leur "maladrerie", nom que porte encore une terre faisant jadis partie du domaine seigneurial. (Cette terre relevait du fief de Mauminot, fief qui comprenait le manoir et les terres de Lormel), d'après l'hommage fait au Roi le 11 mai 1724 par Isaac-François Canivet, seigneur de Mauminot).
Les troubles du protestantisme et de la
Ligue anéantirent les anciennes fondations charitables et scolaires.
Au 17ème siècle les seigneurs recommencèrent à
doter les églises pour permettre au clergé de soulager les
pauvres et d'instruire les enfants. Son successeur, Nicolas Le Monnier appliquant des instructions de l'évêque de Bayeux, Mgr de Nesmond, créa une fondation scolaire dont les minutes notariales de Trévières conservent les actes. Le premier acte, daté du 14 juin 1694, montre le curé, achetant à René du Jardin une "terre et maison sise au hamel de Guesberne, bornées par les représentants de Marin de Tour, la rue Bertin, le chemin allant de l'église à la Croix-Mitard, à charge de rendre les droits et les devoirs dûs au seigneur de Saint-Sever, et à charge de donner annuellement cinq sols au trésor de l'église, de laisser le vendeur faire son profit des jeunes pommiers de la pépinière lorsqu'ils seront en état d'être levés, et de verser deux cents livres à René Du Jardin, lequel remet à l'acquéreur 61 livres 15 sols pour amortir au trésor une rente d'un boisseau et demi de froment due aux obits de Vierville". Le
second acte est le testament du même Nicolas Le Monnier, à
la date dit 3 septembre 1694. Il y est dit que "Nicolas Le
Monnier désirant faire le salut de son âme et de celles de
tous ses parents tant vivants que trépassés a par ce présent,
donné et osmoné par don gratuit... au bénéfice
des curés, prestres et obitiers ses successeurs qui desserviront
après son décès le bénéfice de Vierville:
De
plus (Nicolas Le Monnier) a donné et osmoné
à l'un des prestres obitiers lequel sera tenu de faire l'école
et d'instruire les enfants de la dite paroisse, et à leur défaut
à une autre personne qui sera jugée capable d'instruire
la jeunesse et nommée par le donateur et ses successeurs Au curé fondateur de l'école de Vierville succédait, en 1702, Adrien Loir qui, en mourant, le 14 février 1724, donna ses meubles aux pauvres. Du produit de leur vente, on créa une rente de 50 livres dont un notable Viervillais prit le capital. Malheureusement il le plaça chez un habitant de Formigny qui mourut insolvable. Le placement ayant été fait à l'insu des administrateurs du bien des pauvres et sans leur consentement, il était juste que les héritiers du notable continuent de servir la rente. (Extrait de la notice rédigée en 1813 sur les anciens curés de Vierville, par Pierre Le Paulmier) L'école
ainsi fondée par Nicolas Le Monnier se conforma aux règlements
de Mgr de Nesmond. Mais le successeur de ce grand évêque, Mgr de la Trémoille, eut le regret d'écrire le 26 septembre 1717: "Vu les plaintes qui nous ont été faites que le maître d'école de Vierville reçoit des filles avec des garçons d'un âge assez avancé et qu'il ne fait point le catéchisme, nous avons interdit le maître d'école et lui avons défendu de faire aucune fonction jusqu'à ce que le sieur curé soit content de sa conduite." Telle
était la législation religieuse d'autrefois, législation
que Mgr de Nesmond rappelait dans le Plan d'éducation publié
à la fin du 17ème siècle, plan qu'en 1873 un ministre
de la République examina avant d'élaborer son projet de
loi sur l'instruction publique.
L'école paroissiale de Vierville ne fut que momentanément
fermée en 1717... Elle était tenue par Nicolas-François
Demortemer en 1783. L'enseignement s'y continua jusqu'au Second Empire.
Alors on rapprocha l'école de l'église et l'école
publique située rue Pavée. L'instituteur, M. Diesny, propriétaire
de l'ancienne maison de la rue Bertin, la laissa à ses héritiers:
son petit-fils, M. Mouillard, l'a cédée à Mme de
Bughas pour y loger des ouvriers agricoles.
Juste avant la Révolution, les fillettes de Vierville étaient
instruites par la religieuse de la Providence de Sées tenant école
à Louvières, école qui fut vendue avec le mobilier
de la Soeur, le 24 frimaire an V (15 décembre 1797) et achetée
par Pierre James, en même temps que les biens de la cure.
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