BIENVENUE EN L'EGLISE SAINT MARTIN DE FORMIGNY

(extraits et adaptation des documents " Le Bessin - Eglises au Cœur ", Editions ADTLB)

 

L'église est un haut lieu, témoin de la guerre de Cent Ans (1337-1453), amenée par la rivalité de Philippe VI de Valois, Roi de France et d'Edouard III d'Angleterre.

Après de multiples démêlés, la sanglante bataille de Formigny (le 15 avril 1450) contribua à délivrer la France de la domination anglaise.

Le victorieux connétable de Richemont dut certainement venir se recueillir en ces lieux avant de combattre l'Anglais.

Une chapelle souvenir de cette journée a été érigée dès le 15ème siècle à Formigny: la chapelle Saint Louis.

Visite de l'intérieur de l'église

La nef, de fondation romane (1), communique par six arcades avec un bas-côté. Ce collatéral conservé du 14ème  siècle au nord, témoigne ainsi de l'ampleur passée de l'église. Elle présente des fenêtres plein cintre et une voûte en anse de panier. Vous reconnaîtrez sur les chapiteaux des piliers, des feuilles de trèfle, des fleurs de lys, des feuilles d'acanthe et des feuilles de chêne.

‑ Au dessus du porche, deux toiles du 18ème siècle récemment restaurées : une Annonciation et un trophée de saint Louis.

‑ Au nord (2) , observez :

- un petit Christ en bois provenant de la chapelle du Véret, aujourd'hui disparue (une commune et une paroisse située au NE de Formigny qui y ont été incorporées),
- un Christ en bois (3) rescapé de l'ex-croix triomphale suspendue autrefois sous l'arc doubleau séparant nef et choeur),
- un confessionnal à porte arrondie du 19ème siècle,
- des stalles et des miséricordes joliment décorées du 19ème siècle,
- sur l'autel latéral nord, une Vierge à l'enfant (4) en pierre du 18ème siècle.

‑ Un arc doubleau (5) roman nous fait pénétrer dans le choeur dont la première travée constitue l'assise du clocher, son ornementation est à chevrons et à quatre feuilles. Des stalles du 20ème siècle y sont disposées.

‑ Le choeur roman (6) a été redécoré ; des bourrelets imitant le gothique trilobé viennent remanier portes, fontaines et baies du chevet.

‑ Le carrelage de l'abside en damier noir et blanc révèle que l'église était une propriété paroissiale au 18ème siècle. A l'inverse, le carrelage blanc à petits carreaux noirs symbolise la propriété conventuelle ou la dépendance de l'église vis-à-vis d'une abbaye ou d'un prieuré.

- Une véritable crédence ou fontaine composée de deux arcades en lancettes existe dans le mur du sanctuaire, côté épître (sud).

‑ L'autel majeur néo-roman est garni de riches chandeliers à fleurs de lys dont certaines peintes en bleu.

‑ Au sud, on observe une chaire classée (7) au litre des Monuments Historiques (18ème siècle) ornée d'angelots, au pied de laquelle se rangent des stalles en plis de serviettes.

Visite de l'extérieur de l'église

Le portail occidental (8) a deux rangs de colonnettes aux chapiteaux à l'ornementation discrète. L'un deux est à godrons (ornementation figurant des soufflets ou des tubulaires renflés).

‑ Sur ces colonnettes retombent deux archivoltes (arcs). L'interne se compose de deux boudins accolés. L'externe, plus large, porte une double rangée de denticulations (ou chevrons). La première en dent de scie, la seconde en zigzags de bâtons brisés.

‑ Au dessus, un arc à triple rang de billettes repose sur deux petites consoles en têtes plates. Ce dernier est accolé de deux arcs plein cintre décorés de billettes. Le portail à trois arcs se retrouve couramment dans la région (Huppain. Etreham).

‑ Ce portail est surmonté d'une niche cintrée (8) garnie d'une Charité de Saint Martin datée de 1601. Le saint y est représenté sous les traits de Henri IV. ‑ Au pied de la statue équestre, un écusson est timbré aux armes de la famille Marguerye qui s'inscrit ici en donatrice.

‑ La porte (18ème siècle) a été fabriquée par un menuisier du nom de Picard (habitant de Formigny à la ferme de Lemouchel).

‑ Le mur sud de la nef (9) a été reconstruit au 19ème  siècle de fond en comble par l'architecte de Bayeux, Mr.Delaunay (voir le N.B). Certains modillons de la corniche datent de l'époque romane dont une chouette sous la troisième travée.

‑ La tour(10) entre choeur et nef occupe une travée spéciale. La porte par laquelle on y entre est romane avec une archivolte à chevrons (zigzags), une arcature centrale, composée d'un tore et d'un boudin et une arcature de bâtons brisés.

‑ Les étages supérieurs appartiennent au style ogival primitif.

‑ Le toit à double égout appartient au 16ème siècle.

 - Les modillons de la corniche du choeur (13ème siècle) portent une arcature à plein cintre avec une sous-arcature ogivale.



NB – M. Alphonse Delaunay était membre de l’Académie de Caen, de la Société des Antiquaires de Normandie, de la Société linéenne du Calvados et de la Commission d’Antiquité du même département.
Architecte des Monuments historiques, il est intervenu aux environs de 1860 sur l’ensemble des églises du Bessin.


une carte postale ancienne de l'église


Plan de l'église



Le trophée de Saint Louis, à l'intérieur, au dessus du porche

  Les Saints Patrons

Le vocable de Saint Martin

Au Moyen Age, on nommait "patron", les personnes qui, avec le consentement des évêques, avaient fondé, bâti ou doté une église. Au patron appartiennent les honneurs, les charges et les droits utiles. Il préside les cérémonies, défend l'église et nourrit les pauvres. Il doit en assurer le rayonnement ou le simple entretien C'est pourquoi le patron se devait d'offrir à son église un vocable populaire ou alors, en généreux donateur, les reliques d'un saint ou quelques ossements sacrés qui pouvaient, s'ils étaient effleurés, transmettre un peu de sainteté aux fidèles.

Sur le plan spirituel, le patron est le saint dont on porte le nom, celui sous le vocable duquel une église est placée, le patronage est alors la protection d'un saint.

Saint le plus populaire en Bessin, voire en Normandie, le nom de saint Martin signifie la pénétration du christianisme en milieu rural, l'évangélisation des "pagani". Son vocable atteste d’un peuplement ancien (environ 6ème siècle)

 

Il a christianisé le coeur de la Gaule en donnant l’exemple d’un mode original d'apostolat, celui de « l’évêque moine », dont l'ascendant spirituel s'impose à tous.

Evêque de Tours de 361 à 371, il opère guérisons et résurrections. Il appartient à la génération qui vit le christianisme devenir la religion officielle de ]'Empire.

Il incarne le moine "successeur du martyr divin", combattant le paganisme, la maladie, les tentations de puissances temporelles et Satan.

Ce soldat de Dieu n'est parvenu en Normandie que par les voies d'une dévotion posthume.

En effet, sa mission d'évangélisateur a commencé de son vivant au 4ème siècle et s'est poursuivi selon ses méthodes, en son nom ou sous d'autres vocables de saints. L'apogée se situe au 6ème siècle, où son culte s'associe à celui des deux saints portant le nom de saint Germain d'Auxerre (mort en 448) et celui de saint Germain de Paris (6ème  siècle).

La densité des paroisses placées sous le vocable de saint Martin atteste l'ancienneté du peuplement du Bessin

Les ruines de la petite église en pierre d'Engranville, un hameau à 2km de Formigny, qui était autrefois une paroisse, depuis rattachée à Formigny

 

 

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